EN ROUTE VERS LE BONHEUR...

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François l'Aristocrate

François Démonio, premier enfant né de l'union de Wilfrid et de Gabrielle Corneille, nait le 17 janvier1910 à Pointe-à-Pitre.

De tous ses enfants, François est sans doute celui dont Wilfrid est le plus fier. Il l'a surnommé « l'Aristocrate ». Beau garçon, brillant et cultivé, François choisit à l'issue de ses études secondaires de suivre une carrière dans l'administration. A 23 ans, il quitte la Guadeloupe pour effectuer son service militaire à l'école des sous-officiers de Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres. Bien sûr, comme beaucoup de jeunes Guadeloupéens, sa plus ferme intention est de revenir le plus vite possible après ses études pour exercer son métier chez lui, auprès des siens.

Pourtant, après l'école de l'administration coloniale, il est nommé en Afrique et il ne reviendra en Guadeloupe que... 15 ans plus tard juste après la guerre,. Il ne reverra son père et sa famille qu'une seule fois avant de mourir à l'âge de 48 ans, le 26 juillet 1958, dans un hôpital parisien.

Dès son arrivée en France, il entretient avec sa famille une correspondance nourrie. A son père en particulier, il adresse de longues lettres pour lui faire partager ses difficultés, ses inquiétudes, ses projets, mais surtout lui exprimer l'affection qu'il attache à tous ceux qu'il a laissés et qui lui manquent. Régulièrement aussi, comme pour vaincre l'éloignement, il envoie des télégrammes pour donner une information, demander des nouvelles...

Cette correspondance en dit long sur ce que put ressentir François exilé pendant de longues années à plus de 7 000km de son île natale. Il y a à peine plus de 50 ans, alors qu'il n'y avait encore ni avions, ni téléphone portable, ni télévision, ni internet, être originaire des colonies constituait en effet un vrai handicap. Certains le surmontèrent plus facilement que d'autres. Aucun ne sortit réellement indemne de cette expérience douloureuse.

Car bien qu'originale, l'histoire de François Démonio, n'est pas une exception. Elle constitue un témoignage des plus émouvants et des plus instructifs sur les souffrances vécues par des milliers de jeunes Guadeloupéens, étudiants ou soldats d'abord, travailleurs ensuite, partis ainsi, loin des leurs dans un pays inconnu, pour « réussir », « trouver une situation », ou tout simplement « s'en sortir », et le plus souvent aussi sans espoir de retour.

La lettre publiée ici est la première d'un ensemble de courriers écrits par François à son père, et que Romaine, la dernière fille de Wilfrid, avait eu la bonne idée de conserver. Cette lettre date du 21 juin 1934. François, en France depuis quelques mois déjà, poursuit sa formation à l'école militaire et spécule sur sa première affectation. Il s'inquiète de l'état de santé de sa tante Laurence (la soeur de son père) et de la situation de son frère cadet Henri. Au fil des mots, beaucoup de petits détails sur notre famille y sont révélés. Et c'est une véritable jubilation que de les découvrir.

Saint-Maixent - 8 mai 1934

La lettre suivante sera publiée sur ce blog dans les prochains jours.



28/02/2011
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