EN ROUTE VERS LE BONHEUR...

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Retour à la Guadeloupe


Après avoir adressé le 1e juillet 1945 une dernière lettre à son père, François trouve enfin à s'embarquer pour la Guadeloupe. Le courrier à bord duquel il avait pris place entre dans la rade de Pointe-à-Pitre après 10 jours de traversée.

 

 

 

 

 

A l'instar de tous ceux qui à cette époque revenaient au pays après tant d'années d'absence, sa famille lui réserve un accueil presque triomphal. Sa mère, Titine, est folle de joie. Tout comme ses soeurs qui l'assaillent, Romaine notamment, de trente questions à la minute. Charles comme toujours, joue les détachés en priant ses soeurs de ficher un peu la paix au nouvel arrivant. Et Wilfrid masque mal son plaisir de revoir son fils préféré devenu haut fonctionnaire des colonies et dont il est si fier. Mais la plus heureuse est sans conteste sa chère tante Loulouse qui l'aime tant, qui avait tant fait pour lui quand il était petit, et à qui, enfant modèle, il avait donné tant de satisfactions...

 

 

 

Sortie du lycée Carnot vers 1920...

 

Trois jours durant, François arpenta de long en large les rues de sa ville natale, à la recherche des lieux et à la rencontre de ceux qui avaient nourri ses souvenirs durant tant d'années d'absence. La ville s'était quelque peu modernisée depuis son départ, mais les repères étaient toujours là et il les retrouva avec un plaisir intense. Il ne se lassait pas de se replonger dans les ambiances, les odeurs, les sensations qui avaient bercé toute son enfance pointoise. Son cher lycée Carnot où il avait fait ses études secondaires.

 

 

 

 

 

Les sabliers de la Place de la Victoire

 

Les sabliers déjà vieux de la place de la Victoire à l'ombre desquels tous les soirs après l'école les « mabos » de la cité se donnaient rendez-vous pour faire jouer les enfants de bonne famille... Les magasins de la Darse déversant dès 6 heures du matin leurs mélanges d'odeurs de morue séchée, de sucre, de rhum, de pétrole... Les marchandes de doucelettes et de sucres à coco, de fruits, de boudin, de poisson frit qui sillonnaient les rues un panier sur la tête... « Mwen ni mèloooon ».

 

 

 

 

Passant devant l'église Saint Pierre-Saint Paul, François ne put s'empêcher de sourire. Les statues de la façade n'avaient pas bougé :

 

  •  Hum! Quelqu'un a pété par ici, disait la première

  •  Ce n'est pas moi, répondait la deuxième

  • C'est lui!, poursuivait la troisième :

  •  Et la dernière concluait : Ca m'a échappé...

 

 

La cathédrale Saint-Pierre - Saint-Paul


 

Malgré tout cela, il avait l'impression que la ville avait bien changé : moins calme, moins douce. Et il ne savait pas l'expliquer. On y trouvait plus de monde qu'auparavant, davantage de voitures aussi... Lorsqu'il se promena du côté du marché, il lui sembla que le bruit était plus intense que ce qu'il avait connu. Et surtout, au cimetière, au marché, le long des quais on avait coupé la plupart des grands arbres qui ombrageaient utilement les places et les rues. La Pointe avait ainsi perdu ce qui faisait l'essentiel de son charme : la verdure, la verdure partout. Désormais, la cité était comme à nu.

 

 

 

L'allée principale du cimetière de Pointe à Pitre

dans les années 1920

 

 

 

Il suffisait qu'il s'aventure hors de chez lui pour « tomber » sur d'anciens amis, stupéfaits de le voir ici, et qui tenaient tous à fêter l'événement devant un verre. C'est ainsi qu'après une semaine, François n'avait quasiment rien pu faire d'autre que de renouer avec la famille et d'anciennes connaissances. Et chaque fois, chez les Lanoir, chez les Désestages, chez les Kancel, chez les Anselme, les Lauzinghain, les Nicolas, les Budon... il reprenait la même histoire, brossait le même portrait de sa vie en Afrique, donnait les mêmes détails. Partout, il en profitait pour poser des questions sur le pays et ce qu'il était devenu.

 

En homme particulièrement au fait des sujets de société, il voulait être informé de tout, comprendre comment avait évolué les choses depuis son départ, et notamment pendant les années de guerre qui venaient de se terminer...

 

 

 

 En compagnie de son frère Charles,

sur une plage en Grande-Terre.

 

 

François resta en Guadeloupe durant une année, partageant son temps entre sa mère, Gabrielle Corneille, son père et ses frères et soeurs, quelques amis. De sortie chaque soir, il goûtait à nouveau au plaisir insouciant des vacances aux Antilles. Il en profitait aussi pour jouir de la nature, et de la mer en particulier : plages, sorties en bateau, etc.

 

 

 

 

 Sur un bateau, avec Charles et Romaine

 

 

 

 

Mais sa vie n'était plus à la Guadeloupe.

Il lui fallut bientôt repartir.

 

En août 1946, il était de nouveau à Paris, dans l'attente d'une nouvelle affectation. Depuis sa « misérable petite chambre » de l'hôtel des Colonies(*), il envoie à son père en octobre 1946 sa première lettre depuis son retour en France hexagonale...

 

 

 

Paris : 4 octobre 1946

 

 

(*) NDLR : Actuels locaux du Ministère des DOM-TOM

 

 

 



24/09/2011
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